Notre-Dame de Cléry

par Pierre, Matthieu et Thomas,
routiers au clan saint Joseph de Nantes

Voilà désormais trois ans que les guides aînées et les routiers Europa Scouts et Scouts Saint Louis se retrouvent pour la route de Cléry. Le rendez-vous pour le départ était fixé cette année à Chaumont-sur-Loire, dans le Loir-et-Cher.

Cette route prenait d’emblée toute sa signification spirituelle en commençant par la messe de la Toussaint, célébrée par l’abbé Leroux.

Après nous être nourris du « vrai pain des routiers » à la table de communion, nous abordions les premiers kilomètres avant la rapide tombée de la nuit. Une fois un lieu de bivouac découvert, mieux valait pour nous passer une nuit bien pleine avant la journée qui se préparait. Les marcheurs les plus timides n’ont sans doute pas fait moins de quarante kilomètres le vendredi, chaque clan ayant en effet la responsabilité de son itinéraire, comme l’année précédente. L’objectif cependant était commun, chaque unité devant se rendre en fin d’après-midi sur la commune de Saint-Laurent-Nouan pour entendre la messe du père Albert-Marie Crignon, de la Fraternité saint-Vincent-Ferrier. Différents chemins ont été empruntés selon les préférences de chacun : contempler les bords de la Loire ou encore traverser la vaste forêt du célèbre château de Chambord.

« Le scout voit dans la nature l’œuvre de Dieu, il aime les plantes et les animaux ». Le sixième article de la loi scoute, qui est d’ailleurs le thème de notre année scoute, prenait ici tout son sens ; les jeunes routiers en particulier ont pu ressentir beaucoup d’émotion en découvrant ces paysages qu’ils ne connaissaient pas. Après un dîner attendu, qui fut également un moment de détente et de franche rigolade suite à cette journée intense, tous les clans étaient rassemblés pour partager une veillée. Le commissaire national Route, Romain, et ses assistants nous enseignèrent la pédagogie de la Route et le sens du départ routier. Suite à ces entretiens très intéressants le moment des retrouvailles avec nos duvets était arrivé, et ô combien mérité !

Une bonne nuit passée et nous voilà de nouveau en chemin vers la Basilique de Cléry. Courage ! Une vingtaine de kilomètres nous sépare du terme de notre route. Avec l’accumulation de fatigue et les ampoules qui commencent à se faire sentir chez certains il reste beaucoup de choses à offrir au Bon Dieu. La halte de la mi-journée est l’occasion pour routiers et guides aînées de se retrouver et d’achever ensemble ce pèlerinage. Tout d’abord les clans séparément, puis tous les routiers ensemble, enfin la branche aînée entière rassemblée ; cette route est à l’image de notre pèlerinage terrestre qui s’achèvera dans la communion de l’Église triomphante.

De jeunes routiers n’ayant pas perdu le goût du jeu entretenu à la troupe profitent d’un ballon de rugby. Il reste toujours des forces pour faire quelques passes. Mais l’heure est à nouveau au départ pour la dernière ligne droite, bientôt nous apercevrons la basilique, ce qui évoque peut-être pour certains d’entre nous le moment où la majestueuse cathédrale de Chartres se découvre à l’horizon.

Nous touchons au but. Notre route s’achève au pied du bel édifice gothique. La Basilique impressionne par ses dimensions dans une petite ville comme Cléry. Nous avons la chance de pouvoir nous installer à deux pas, dans la cour d’une école. Nous exprimons notre gratitude aux usagers de cette école en effectuant quelques services. La fatigue se fait sentir mais nos cœurs sont joyeux de pouvoir offrir ces derniers efforts.

Routiers et guides aînées sont ensuite rassemblés pour un topo donné par le père Albert. Le père nous livre de précieux conseils au sujet de l’oraison quotidienne. Il n’est pas sans intérêt ici de rapporter certains éléments que nous avons retenus de ce topo pour ceux qui auraient pris la sage décision de le mettre en pratique (Nous faisons ce petit compte-rendu de mémoire et ne prétendons rapporter tout à fait fidèlement les propos du père).

Même, si dans l’oraison, comme partout ailleurs, tout ce qui est bon est grâce de Dieu, celle-ci requiert un investissement personnel important, justement pour que nous soyons capables de recevoir. L’oraison se prépare bien avant l’oraison, et le père Albert a insisté notamment sur la pratique des vertus cardinales.

Force, tempérance, justice et prudence disposent respectivement notre appétit irascible, notre appétit concupiscible, notre volonté et notre intelligence pratique. Sans la maîtrise de nos facultés il sera difficile de réaliser un exercice ardu comme l’oraison.

Mais qu’est-ce que l’oraison ?

Le père Albert a été remarquable en nous entretenant de choses très concrètes plutôt que de partir dans un discours théorique.

Il nous a proposé quatre étapes pour réaliser notre oraison. Les trois premières nous sont totalement accessibles si nous le voulons ; la quatrième semble dépendre directement du bon vouloir Divin.

Le père nous conseille tout d’abord, après avoir fait un acte d’humilité, d’appuyer notre oraison sur une lecture spirituelle, c’est la première étape.

La seconde consiste à méditer à partir de cette lecture, par exemple en se représentant une scène de l’Évangile.

La troisième se nomme « oraison » car elle est une prière de demande à Dieu.

Enfin, la dernière étape est la contemplation, par laquelle Dieu nous fait saisir quelque chose de lui.

Il n’y a pas que les saints qui reçoivent cette grâce, nous pouvons également la recevoir, même si cela dure un court instant. Voilà donc tout un programme, un quart d’heure d’oraison par jour étant le minimum vital.

Après le topo du père Albert, un jeune musulman récemment baptisé et qui a marché avec nous depuis le début de notre pèlerinage, témoigne de sa récente conversion ; il nous pousse à nous interroger sur notre propre élan missionnaire, nous qui avons souvent beaucoup reçu.

Une fois nourries les intelligences, le tour de nos corps est arrivé.

Un banquet est organisé autour du feu, c’est l’occasion pour certains de donner de la voix en entonnant des chants. Ce moment agréable est suivi d’une courte veillée. Enfin, pour clore cette belle soirée, nous partons en procession vers la basilique, étendards en tête, pour un temps d’adoration face à Celui qui nous rassemble. Nous allons ensuite nous coucher dans le silence de la prière.

Nous sommes le dimanche 4 novembre, la route de Cléry touche à sa fin. Nous assistons à la messe dominicale solennelle célébrée par le père Puibaraud dans le très bel et ancestral rit dominicain. Le père Albert officie comme diacre et le père Henri comme sous-diacre. C’est l’occasion pour nous de rendre grâce pour ces trois jours passés dans la fraternité scoute, où chacun a sans doute beaucoup reçu, aussi bien sur un plan humain que surnaturel. Une photo finale, un dernier rassemblement et nous voilà repartis le cœur plein de joie.

Pour finir nous tenons à remercier chaleureusement tous ceux qui ont œuvré à la réalisation de cette route de Cléry 2007 : Romain et ses assistants, l’ensemble de la communauté R-S, le père Raymond-Marie Puibaraud, l’abbé Leroux, le père Albert-Marie Crignon, le père Henri-Marie Favelin, le frère Ambroise-Marie Pellaumail, le frère Nicolas Vercel de Riaumont. Il nous reste à faire le vœu de nous retrouver tous, et encore plus nombreux, l’an prochain, pour la route de Cléry 2008.